» Hydrauli – Cité » : mutation progressive d’un territoire cristallisé
Le territoire d’intervention est situé à 8 kilomètres en amont de Paris dans le Val de Marne. Intégrant la zone ORSA et OIN, il est inscrit dans un secteur d’études ou d’opérations de renouvellement urbain.
Ce territoire situé en bordure de Seine a trois caractéristiques principales :
– c’est un paysage particulièrement marqué par l’eau : il est composé de plusieurs éléments hydrographiques et d’emprises d’industries hydrauliciennes.
– C’est un territoire difficilement accessible et morcelé (entre les voies ferrées et la Seine) qui contient plusieurs emprises foncières ou industrielles infranchissables représentant des enclaves. Il est structuré en bandes parallèles successives.
– C’est un territoire lié aux risques : il est fortement inondable (PPRI), il est soumis aux nuisances sonores dues aux couloirs aériens (PEB), et il est partiellement composé de sites dits SEVESO (explosion industrielle)…
Cette zone d’intervention est fabriquée de «fragments » répartis en bandes transversales le long de la Seine, selon un rythme industrie – secteur résidentiel – industrie. Chaque fragment est une entité ayant des qualités et des enjeux spécifiques. Les interfaces, lieux générés par les frottements de ces fragments en tension, font généralement parti de l’espace public et intègrent des lieux indéfinis : ce sont des réserves qui peuvent être lieux publics d’agrément, de service ou bien des délaissé, et qui sont par conséquent identifiés comme des potentiels pour une métropole en croissance.
Ces lieux indéfinis constituent autant de «points faibles», d’appels à une intervention valorisante : on les nomme brèches. Elles sont situées sur des propriétés privées ou font partie d’une réserve foncière disponible. Ces brèches seront alors pour chacune, intégrées dans une politique d’aménagement territorial ou mises à profit par différents acteurs riverains.
Notre position vise à montrer comment dépasser la fragmentation de ce territoire en agissant sur les interfaces et leurs brèches qui représentent des points de faiblesse et peuvent devenir le ferment d’une mise en réseau de pôles majeurs et être ainsi initiateurs d’une revalorisation territoriale où la raison commune est l’eau, fédératrice d’un pôle attractif au service du territoire hydraulicien, investi et reconquis.
Hypothèse
Mutation progressive d’un territoire cristallisé à travers une proposition d’aménagement définissant le concept d’ « Hydrauli-cité» : un aménagement urbain et paysager composé d’équipements publics et lieux de vie revalorisant la filière de l’eau. L’« hydrauli-cité » permettra de relier la ville à la Seine, de recoudre les territoires enclavés et de reviabiliser les potentiels existants en termes de qualité fonctionnelle, urbaine et paysagère.
Actions
– faire un diagnostic des enjeux du territoire en vue d’une opération d’aménagement permettant de reconnecter les rives et les territoires entre eux.
– élaborer une prescription pour chaque site d’intervention en permettant aux fragments du territoire d’entrer en résonnance les uns avec les autres.
– pour chaque intervention, favoriser le système d’implantation par acupuncture et proposer une illustration architecturale sous la forme d’une «proto-architecture».
– développer une prospective possible à long terme : se fonder sur des phénomènes d’émergence et sur les «effets collatéraux» liés à l’intervention en démultipliant chaque «proto-architecture» et en favorisant la mixité des usages.
Programmes
Six proto-architectures :
– La proto-architecture est une intention. Elle est l’illustration d’une démarche visant à reconnecter et désenclaver les fragments de territoire.
– La proto-architecture est une insertion ponctuelle. Elle s’implante par acuponcture sur une zone charnière du site, peut se démultiplier sur une plus grande échelle et engager une aire d’influence rayonnant dans la métropole.
– La proto-architecture est une expression de la topographie. Elle s’adapte à une nature de sol et des données du terrain spécifique à chaque site d’intervention
– La proto-architecture est un élément moteur. Elle s’appuie sur des potentiels à réactiver au service de l’urbanité ou des mobilités.
- Proto-architecture I : un équipement sportif dans l’usine des eaux de Choisy le Roi
- Proto-architecture II : un pôle de sensibilisation à l’eau dans l’usine des eaux d’Orly
- Proto-architecture III & IV : un pôle de formation à l’ingénierie hydraulique sur le site de l’usine des eaux d’Orly à proximité d’un éco-quartier
- Proto-architecture V : des logements étudiants reliés au pôle de formation dans le quartier de la Prairie à Choisy le Roi.
- Proto-architecture VI : un parc paysager intégrant une pépinière et un incubateur d’entreprises et associations travaillant dans la «filière eau» dans la zone d’activité de la Carelle à Villeneuve le Roi.
A l’échelle de l’ensemble du secteur, la démarche comprend la mise en place d’un système de récupération des eaux pluviales et de drainage ouvert, porteur d’un double caractère technique et paysager; à reconnecter la ville avec la Seine et la rive opposée par un passeur de rive à Choisy le Roi, la création d’un franchissement reliant Orly à Villeneuve Triage et la création d’un service de transport fluvial reliant Villeneuve le Roi à Villeneuve Saint Georges.
Projet de fin d’étude sous la direction de Françoise Fromonot, Béatrice Jullien et Armand Nouvet ENSA Paris-Belleville
Conception : Maïlys Hô
Année : 2010